Quelques citations de Marie Frering Marie Frering - bannière
Putain

Putain

Les jambes d’une putain portent comme sa bouche les v(ar)ices de l’amour. Jambes invisibles, juste des pieux de ponton cognés par les flots –bleus.
La bouche est pareille –bleue-, et puis grande, dents écrasées, un cul de poule. Attraits seins, seul (ré)confort où coller des lèvres dans la large vallée du cœur. Putain, oublier ce corps-miroir de l’état pensionnaire de nos âmes. Le mot à la bouche si souvent, associé à merde ou bordel, injurier la divinité des(astres). De nos précieux or(ifice)s buccaux les mots s’exècrent, révélant les rangées de châlits immondes qui organisent notre dortoir secret, nos infamies ta(pissent) avec faste les cloisons. C’est une caisse fermée dans le fond de la cale d’un cabot(eur), à destination de l’oubli. Mais comme d’un naufrage remonte à la surface les objets les plus vides, le trou enfermé flotte et nous regagne, retour à l'(en)voyeur.

Putain ! Encore elle bafouée, elle qui réceptacle notre musée des horreurs.
On la fichtre foutre encore. Loin de moi ce qui m’ha(bite). Veux pas le savoir, l’intérieur retourné comme un gant d’où jaillissent les vi(s)ce(re)s, les humeurs nausé(es)abondent.
Où est l’alchimiste des cor(ps)nu(e)s qui rendrait sa beauté à ce que la douleur a tordu en pervers appel du vide, en besoin de soulagement ?
Aimer sa putain, sa chienne de mienne de chierie anémique, son amnésie du pire (con)tenu dans la boîte, mise au secret. Un coup de rapière malencontreux a fait crever le coffre et ouvert le pétrin où se mal(axaient) les petits arrangements bordéliques de soi avec soi, les men(songes) de gloire, de félicité, les persuasions d’être vrai(ment). Des pontons bancals, torves, repeints sur la crasse qui colle, les plates formes de l’insoutenable vide, du creux de fosse.
Pas d’océan en face, une mar(r)e putride.
Cachez la putain, elle me re(garde) !, l’indésirable. Où peut encore loger autre chose de soi, d’un aimable non perverti, d’un aimant attractif, lorsqu’il faut s’endosser comme composé de l’ignoré, précipité vers des motifs qui fer(mentent) pour empuer ce qui se voulait plus large que soi. L’a(version) alors. Le retour à l’exil de la peste. Chassée du pays où croyant cultiver on a saccagé la terre in(fini)ment aimée.
Non ce n’est pas moi !, c’est une sale peur en moi, une poche, une tumeur maligne, une putain de trouille d’être pas aimée.


Beauty is an illusion. We have always to say good bye. 

2007