Quelques citations de Marie Frering Marie Frering - bannière
L'Ombre des montagnes
Un ouvrage
de Marie Frering

Quidam éditeur, 2009
120 pages, 13 euros
ISBN 978-2-915018-42-4
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L'Ombre des montagnes

Il y a peu de moments où nous vivons vraiment au présent, généralement nous y sommes projetés par des événements heureux ou malheureux, et pour une courte durée. Pendant la guerre, c'est un présent qui dure, amputé d'avenir et éloigné de son passé. Et ce présent rend fou.
À Sarajevo, on peut encore aujourd'hui voir un graffiti qui a été conservé : Ovjde niko nije normalan (Ici personne n'est normal)

Extraits

« Il sort de chez lui pour aller au front. À quelques pas de sa porte une balle perce son menton. C'est un jeune naïf, fier d'être soldat, qui marche la tête haute. Nous ne nous laisserons pas faire comme ça !

La balle reste logée là, dans l'os du menton. La langue est épargnée de quelques millimètres. Il croit sentir la balle dans sa bouche.

Le souffle des explosions déplace les parois internes des corps. Oh, un très très léger déplacement. Si léger qu'il n'est pas mesurable. Mais l'architecture intime et intérieure ne connaît plus ses repères.

Parois soufflées, ou légèrement disjointes, cours des veines légèrement dévié, alvéoles distendues, spasmes de la paroi stomacale, sphincters affaiblis, léger décollement de la plèvre, tissus chauffés par les décharges d'adrénaline, petites lésions très fines à l'intérieur de la boîte crânienne. »