Critique

Une pure merveille, si courte, trop courte

par Jacques Lindecker
L'Alsace – 22 octobre 2008

L'enfant naît tandis que sa maman meurt en couches. Du papa, on ne sait rien. Le bébé est recueilli par Nami et Pelam, sa tante et son oncle. Comment va-t-on la prénommer ? «Désirée, dit l'oncle. Pour pas qu'elle oublie, la pauvpetite, que même si elle est née sans père ni mère, elle l'était.» Ses parents d'adoption vont l'élever «avec la sollicitude qu'on a pour un petit animal en piteux état.»

Désirée semble être une enfant heureuse. Pourtant...
Dans les catalogues, elle « compare d'une année sur l'autre, les présents et les absents des Trois Suisses et de La Redoute. Il s'agit de son peuple d'enfants photographiés sans parents. Le peuple des orphelins. » Désirée, même si elle ne s'en rend pas compte, sait parler aux morts. Elle fait des fois un peu peur à l'oncle Pelam qui lui raconte des histoires pour s'échapper de son trouble. Elle a un frère, Yeuve, un chêne, dont le ventre ouvert sert de cachette aux trésors de la fillette. Désirée est le premier roman de la Strasbourgeoise Marie Frering. Une pure merveille, si courte, trop courte. Chaque phrase est un poème. Le lecteur s'attache aux pas de Désirée, dans le vertige d'une pensée, d'une imagination littéralement débordante. Le mariage de Peter Pan et d'Alice, la magie est à l'œuvre, l'œuvre est magique.
Une voix unique, dont on attend impatiemment la suite.