Quelques citations de Marie Frering Marie Frering - bannière
Sarajevo : mémoires en charpie
Une émission de
Marie Frering
et Jenny Bec
réalisée par
Didier Rossat
Textes lus par
Véronique Marti,
Jean-Marie Félix
Production de
Martine Béguin, 
Espace 2
Les forts en thème
2003
60' + 57'

Sarajevo : mémoires en charpie (Partie 2)

Sarajevo : mémoires en charpie (Partie 1)

Avec 
Emirka Besić, interprète pour l’Ambassadeur de France
Stanko Vasić, garagiste
Nada Bojanić, professeur d’arabe
Général Jovan Diviak, ancien général de l’armée bosniaque, à l’origine d’une association pour les enfants orphelins
Sandra Mećan, 13 ans, qui a quitté Sarajevo toute petite et qui y est revenue
Véra Arapović, journaliste et collaboratrice de l’Ambassade de Suisse à Sarajevo 
Nedžad Begović, réalisateur de films, designer, membre du groupe SAGA
Goran Džapić, écrivain, traducteur de l’anglais
Amra Terzić, économiste, sans emploi
Vinka Jurišić, professeur de français
Halima Mušić, actrice
Fikret Kaljić, maroquinier

Sarajevo, la Bosnie…
Voilà qu’il en est à nouveau un peu question dans notre actualité par l’annonce de la mort d’Alija Izetbegović, « Alija » ou « Izet » comme il est nommé familièrement là-bas. Mais de la vie des habitants de Sarajevo, huit ans après la fin de la guerre, il n’en est pas beaucoup question.
J’ai été plongée dans cette guerre et dans l’après-guerre durant trois ans, de 1994 à 1997. J’en ai gardé des traumatismes, et des amis. Depuis mon retour, je n’ai cessé d’interroger et de m’étonner du fonctionnement ou plutôt du dysfonctionnement de ma mémoire. Ce qui s’est passé avant la guerre a perdu sa réalité, comme si avec la guerre une nouvelle forme de mémoire était née.
Cela faisait quatre ans que je n’étais pas retournée à Sarajevo. L’idée de cette émission est née du désir de confronter mes sensations mémorielles avec ceux qui vivent toujours là-bas. Prendre cette difficulté comme le lieu d’un travail à faire et interroger la mémoire pour transmettre ces témoignages à d’autres, aux auditeurs de ces « Mémoires en charpie ».
A cause de notre vécu commun de la guerre, ces entretiens ont parfois un caractère intime, les cœurs et les têtes sont ouverts pour évoquer des choses difficiles à évoquer, pour poser des questions qui restent sans réponses. Il y est beaucoup dit aussi d’une sorte de nostalgie de la guerre. A ces moments-là on touche aux gouffres intérieurs laissés par la guerre, des trous plus difficiles à combler que les trous des bombes…
Mêlés à ces paroles, mes propres récits, ceux que j’ai écrits en revenant de là-bas pour coucher la mémoire, la désactiver, endormir en quelque sorte la douleur, séparer de soi ce qui est trop lourd à porter en mettant en forme le souvenir.
Mêlés aussi, les sons de Sarajevo aujourd’hui, les chants, le mélange des cloches et des muezzin, une vie tenace malgré les difficultés.
J’espère que vous serez touchés autant que moi par ces habitants de Sarajevo qui pour la plupart des interviewés parlent et cherchent à exprimer leurs sentiments en français.

Marie Frering