Quelques citations de Marie Frering Marie Frering - bannière
Philippe Collin

Philippe Collin

L'invité automne-hiver 2010

Philippe Collin n’est pas que Philippe Collin. Il transporte avec lui une mémoire vive des 6000 ou 7000 films qu’il a vus et on sent bruisser en lui les voix des grands artistes qu’il est allé filmer avec attention pour nous transmettre ces archives du XXe siècle qui sont notre trésor à tous. Il les fait revivre devant nous, raconte des anecdotes avec drôlerie et tendresse et voilà qu’ils surgissent, bondissent, hors des images, tel Noureev qu’il a filmé lors de répétitions à Spoleto. Dans son cinéma, c’est avec une délicatesse doublée de mordant qu’il campe ses personnages. Son œil amusé nous rend leur humanité par un sens aigu du rythme qui lui vient de sa passion musicale. Ainsi Philippe Collin est une sorte de filmeur pointilliste qui construit pour nous des couches subtiles d’un complexe paysage.Ce cahier sur Philippe Collin est entièrement consacré au film Les derniers jours d’Emmanuel Kant, un film phare dans son œuvre, où il nous raconte un Kant par le menu et nous emmène à l’intérieur de la tête et du corps du philosophe. Et les manies de Kant nous arrivent non pas ridicules mais comme une façon de continuer à tenir debout alors que les chutes deviennent de plus en plus fréquentes.Kant tombé à terre et n’arrivant plus à se relever a cette phrase magnifique : « Je suis si léger ». C’est peut-être là aussi le secret de Philippe Collin : la légèreté.