Anne-marie Faux
L'invité printemps-été 2011
Ich weiß nicht was soll es bedeuten,
Daß ich so traurig bin;
Ein Märchen aus uralten Zeiten,
Das kommt mir nicht aus dem Sinn.
Heinrich Heine
Anne-marie Faux est perchée sur l’assise de sa chaise, enserrant ses genoux. Elle parle d’une voix sans âge, qui m’avait déjà surprise au téléphone. J’avais découvert ses films, Hic Rosa, partition botanique et Face au vent, partition buissonnière, lors d’un séjour en Charente dans la région où a été tourné Face au vent, chez Franck Vialle qui avait assuré la direction de production du film.
La Charente, si indolente, est habitée encore à cet endroit par des contre-courants venant de la mer, un souvenir du mascaret qui dans des époques plus anciennes agitait nos fleuves jusque loin dans les terres.
C’est cette image qui m’est revenue lorsque j’ai rencontré Anne-marie Faux à Paris, il me semblait qu’il y avait dans cette âme, dans ce corps, dans cette voix, quelque chose qui ne laissait pas tranquille le fleuve de la vie. Un mascaret sauvage, venu des profondeurs de la mer qui tenait en incessante inquiétude la douceur et la légèreté de cette femme perchée comme un oiseau sur sa chaise ou, comme la Lorelei, sur son rocher.